Kroum, cela signifie en hébreu « membrane »,on pourrait dire aussi : « baudruche » ou « bulle » (Levin donne souvent à ses personnages des surnoms ridicules à dessein).

La raison, c’est que notre « héros » n’existe qu’en apparence. Pour s’engager vraiment dans la vie, et mettre à profit ses nombreux et réels talents, il attend, de manière passive et douloureuse, que la vie soit digne d’être vécue, qu’elle offre une chance à sa mesure.

Bien sûr le destin ne le satisfait nullement, et le fait barboter dans un milieu médiocre, mesquin, absurde, où rien, même la mort, n’a de grandeur.

Cette pièce profondément pessimiste est cependant bien réellement une comédie. A la fois miroir et divertissement, elle rappelle Molière et Tchékhov par sa manière de représenter cruellement (mais non sans tendresse) les défauts humains sous un jour risible.

Hanokh Levin, qui commence à être connu et traduit en France, force l’admiration par son œuvre originale, véridique, intéressante, et… dramatique !

Hanokh Levin

Le plus grand dramaturge israélien, est mort prématurément en 1999 d’une maladie grave à l’âge de 56 ans. Il a écrit une trentaine de pièces et fut très contesté au début de sa carrière.

Il devient célèbre à cause d’une pièce qu’il écrivit dans les années 70 « la Reine de la baignoire » où il critique la politique en Israël pendant la guerre de 6 jours.

Dans les pièces de Lévin, les personnages dépendent les uns des autres. Ils n’existent que par rapport aux autres et sont prêts à tout, même à l’humiliation pourvu qu’ils existent. D’autre part, le sous-texte devient le texte : on dit tout, même les pensées les plus intimes, ce qui provoque le rire.

Il montre le côté noir de la vie. On découvre les personnages dans toute leur laideur, leur méchanceté, leur côté ridicule, leur lâcheté.
Son œuvre contient toujours, et surtout, la critique de la nature humaine, et particulièrement celle de la société.